Pourquoi les gens sont si souvent certains d’avoir raison, même quand les faits leur donnent tort ?

Pourquoi, au lieu de sauter sur la première conclusion qui nous traverse l’esprit, nous avons tant de mal à dire « je ne sais pas » ?

Dans un monde saturé d’opinions, de polémiques et de fake news, il est indispensable de comprendre comment le fonctionnement de notre cerveau pousse parfois à des conclusions erronées.

Notre besoin viscéral de certitude prend parfois le dessus sur la recherche de la vérité, et finit par freiner notre apprentissage, nuire à nos relations et renforcer les divisions sociales.

Pourtant, maintenir le doute n’est pas forcément un signe de faiblesse. La plupart du temps, il représente une force : c’est en doutant que l’on progresse, que l’on découvre de nouvelles perspectives, que l’on devient plus lucide.

Remettre en question tes certitudes peut transformer ta manière de penser, de décider, et même de vivre.

Si tu veux naviguer sans couler dans un monde complexe et nuancé comme celui dans lequel nous vivons, il est plus que nécessaire de faire preuve de modestie intellectuelle et d’ouverture d’esprit.

Dans cet article, je te propose de découvrir comment faire.


L’illusion de la certitude de Timothy Caulfield

Timothy Caulfield est un professeur canadien de droit et de politique de la santé, qui a dédié la majorité de sa carrière professionnelle à débunker des pseudosciences et des croyances populaires infondées.

Dans son livre « L’illusion de la certitude« , il montre comment certaines croyances, bien que dénuées de fondement scientifique, deviennent des vérités pour ceux qui les adoptent.

À travers des analyses tirées des sciences cognitives et de la psychologie comportementale, il démontre comment ces idées se propagent : par les réseaux sociaux, les figures médiatiques, et même certains professionnels en quête d’attention.

Il est surprenant de constater à quel point notre perception de la vérité peut être façonnée par des biais invisibles et des récits séduisants, plutôt que par des faits.

C’est cette prise de conscience que j’espère éveiller par cette vidéo.

1. Les racines psychologiques de la certitude

Pourquoi s’intéresser aux origines de nos certitudes ? Parce qu’elles façonnent nos comportements, orientent nos décisions, et filtrent la manière dont nous interprétons le monde.

Une certitude bien ancrée agit comme une paire de lunettes invisibles : elle colore tout ce que nous percevons sans que nous nous en rendions compte. En comprenant les racines de cette confiance intérieure, nous pouvons mieux identifier les pièges cognitifs dans lesquels nous tombons.

Cela ne signifie pas vivre dans le doute permanent, mais reconnaître que nos opinions ne sont pas toujours fondées sur des faits solides.

Afin de progresser intellectuellement, et construire un rapport plus juste à la vérité, nous avons besoin de faire preuve de vigilance, à prendre du recul sur nos réflexes mentaux.

Voici les 3 éléments à la base du besoin psychologique de certitude qui caractérise l’être humain :

  • Le besoin de cohérence : Nous sommes biologiquement programmés pour éviter l’incertitude. Notre réflexe mental est de donner un sens et une cohérence à nos expériences, ce qui nous pousse à combler les zones d’ombre avec des récits familiers, même s’ils sont inexacts. Cette impression de cohérence crée une illusion de stabilité psychologique.

Lorsque les faits viennent questionner nos croyances établies, nous ressentons un inconfort que le cerveau cherche immédiatement à apaiser. C’est ce qui rend difficile l’acceptation de nouvelles idées, surtout si elles vont à l’encontre de ce que nous pensons déjà savoir. Conséquence : nous préférons croire à des histoires simples que faire l’effort de vivre avec le doute.

  • Les biais cognitifs : ils sont des filtres qui agissent inconsciemment et qui nous poussent à des raccourcis. Les experts en ont identifié déjà plus de 150. Parmi les plus impactants, on trouve le biais de confirmation, la tendance rechercher, interpréter et retenir uniquement les informations qui confirment nos croyances préexistantes.

Ce biais, renforcé par les algorithmes des réseaux sociaux, crée une chambre d’écho où la contradiction disparaît. Le danger est réel : nous finissons par vivre dans une réalité parallèle, imperméable à toute remise en question. L’intelligence et le désir de s’informer ne sont pas des antidotes efficaces : ils contribuent à améliorer notre habilité à rationaliser nos erreurs.

  • L’effet d’entourage : notre environnement social joue également un rôle de premier plan dans nos croyances et convictions. Plus les gens autour de nous partagent une opinion, plus elle nous paraît vraie et légitime. Ce besoin fondamental d’appartenance nous fait sentir en sécurité, mais il risque d’entretenir des croyances erronées. Dans des groupes fermés ou polarisés, exprimer un doute ou une opinion divergente devient difficile, voire impossible. Résister à la pression sociale demande du courage et une forte conscience de soi, deux qualités importantes à cultiver.

2. Les dangers des certitudes infondées

Qu’un individu entretienne des fausses croyances, on pourrait dire que cela relève d’une liberté et d’un choix personnel. C’est quand une position individuelle se transforme dans des certitudes collectives qu’il est indispensable de s’en rendre compte et de s’en méfier.

Les conséquences peuvent être lourdes. Supportées par les croyances populaires et le soutien des figures d’autorités, les fausses vérités risquent de se transformer en décisions et actes dangereux.

Voici des domaines où la vigilance et les décisions basées sur les faits prouvés scientifiquement sont indispensables :

  • La santé publique. Une des illustrations les plus préoccupantes de ce phénomène est le rejet en bloc des vaccins ou la croyance dans des remèdes miracles. Ces idées, même marginales au départ, peuvent prendre une ampleur considérable quand elles trouvent un écho sur les réseaux sociaux ou auprès de figures médiatiques. Il ne s’agit pas que d’un choix individuel. Lorsque des populations entières refusent la vaccination ou préfèrent des traitements inefficaces, les conséquences sont dramatiques. Résurgence de maladies presque disparues, épidémies évitables, surcharge des hôpitaux : un esprit critique plus développé face aux informations médicales est indispensable pour se protéger de certains récits séduisants mais faux.
  • La polarisation d’opinions. Dans le champ politique, l’excès de certitude alimente les tensions et rend le dialogue impossible. Quand des opinions politiques, même raisonnables au départ, sont adoptées au sein d’un groupe idéologiquement homogène, elles finissent par devenir des vérités absolues. Tout débat se transforme alors en affrontement. La polarisation extrême qui en découle n’est pas uniquement le produit de divergences de fond, mais aussi d’une incapacité croissante à tolérer l’incertitude. Les voix dissonantes finissent par être perçues comme menaçantes. Et les institutions démocratiques, qui reposent justement sur le compromis et la diversité des points de vue, en ressortent affaiblies.
  • La méfiance envers la science. Le rejet de la démarche scientifique elle-même est une des conséquences les plus insidieuses de l’illusion de certitude. C’est un paradoxe : alors que la science est une méthode rigoureuse fondée sur le doute et la vérification, elle est souvent perçue comme rigide, voire dogmatique, par ceux qui préfèrent suivre l’intuition ou des « vérités alternatives ».

Cette méfiance naît souvent de malentendus : on confond les hypothèses avec des vérités absolues ; on exige des réponses claires et définitives là où la science avance par approximations successives. Le danger principal est l’affaiblissement de la confiance collective envers les institutions scientifiques, ce qui se traduit par un plus grand poids accordés à des discours simplistes, qui manquent d’approfondissement et vérification. Réhabiliter le doute n’est pas attaquer la science : c’est en respecter l’essence.

3. Comment cultiver le doute utile

Maintenant que tu connais les risques associés à l’illusion de la certitude, c’est le moment de s’intéresser aux solutions que l’on peut adopter. Si le doute peut devenir un levier puissant pour mieux comprendre le monde, il ne s’agit pas de tout remettre en cause en permanence.

La bonne approche est de reconnaître nos limites, accepter de ne pas tout savoir, et rester ouverts à l’échange. Pour être moins vulnérable aux manipulations, et cultiver une pensée plus lucide et constructive, il est indispensable de développer le doute utile.

Voici comment :

  • Pratiquer l’humilité intellectuelle. Cultiver le doute ne veut pas dire renoncer à ses propres opinions. Cela signifie accepter que nos opinions peuvent être incomplètes, parfois même erronées. Adopter cette posture d’humilité n’est vraiment pas un signe de faiblesse. Au contraire, c’est un signe de maturité intellectuelle. C’est le meilleur antidote aux excès de confiance et à l’arrogance mentale.

Reconnaître qu’on peut se tromper ouvre la porte à l’apprentissage, à l’échange, à l’amélioration progressive de ses propres positions. Dans un monde où chacun semble vouloir avoir raison à tout prix, faire preuve d’humilité devient un acte de courage. C’est une façon de rester ancré dans la réalité, plutôt que dans l’illusion de tout savoir.

  • Favoriser les discussions nuancées. Plutôt que vouloir imposer son point de vue, nous avons intérêt à chercher à comprendre celui de l’autre. Comprendre ne veut pas dire approuver ou partager. Cela consiste à écouter avec sincérité, poser des questions qui enrichissent le débat.

Créer une nuanceest une posture discrète, mais elle permet de construire des ponts là où les certitudes dressent des murs. Dans un climat de plus en plus polarisé, la discussion devient trop souvent une bataille de convictions. Or, la vérité ne jaillit pas de la confrontation, mais du croisement des regards. En cultivant la curiosité pour les idées qui diffèrent des nôtres, nous renforçons notre pensée au lieu de la fragiliser.

  • S’informer de manière critique. Nous vivons dans un monde saturé d’informations. Développer un regard critique sur les choses est devenu indispensable. Il est recommandé de croiser les sources, s’interroger sur les motivations des auteurs, ne pas confondre visibilité et crédibilité. Ce n’est pas parce qu’une affirmation a été partagée mille fois qu’elle est plus vraie pour autant. Le doute utile consiste à prendre le temps de vérifier, à chercher les failles dans un argument, à reconnaître les zones d’ombre. Cela demande de l’effort, mais protège contre les manipulations. Au lieu de déléguer notre propre compréhension du monde à des figures d’autorité ou à des algorithmes, nous pouvons en devenir les acteurs.

4. Créer une culture du questionnement

Si l’illusion de certitude trouve ses racines dans notre fonctionnement mental, il est tout à fait possible de développer un environnement qui favorise la réflexion, la nuance et la remise en question.

Pour cela, il ne suffit pas que chaque individu adopte de bonnes pratiques : c’est toute une culture collective qu’il faut encourager.

Afin de valoriser non pas ceux qui prétendent tout savoir, mais ceux qui posent les bonnes questions, nous avons besoin d’un changement structurel.

Instaurer une culture du questionnement, c’est favoriser l’intelligence collective, la résilience sociale, et une meilleure réponse face aux défis complexes de notre époque.

  • Valoriser les incertitudes. L’incertitude n’est pas une faiblesse à fuir, mais un espace fertile à explorer. Dans les sciences, comme dans la vie quotidienne d’ailleurs, certaines questions n’ont pas encore de réponse définitive. Et c’est parfaitement normal : le progrès vient justement de cette reconnaissance de l’inconnu.

En acceptant que certaines choses échappent encore à notre compréhension, nous gardons notre curiosité intacte, nous restons ouverts à de nouvelles idées. Valoriser l’incertitude, c’est sortir de la pression de devoir toujours avoir un avis tranché. Cela nous donne l’espace pour ralentir, réfléchir, et de ne pas tomber dans des jugements hâtifs ou simplistes.

  • Former à l’esprit critique. L’éducation a un rôle fondamental pour développer une pensée libre et lucide. Apprendre les faits n’est pas suffisant : il est indispensable apprendre à les interroger. L’objectif de l’éducation donc, ne devrait pas être de réciter par cœur des vérités toutes faites, mais apprendre à poser les bonnes questions, à douter avec méthode, à construire un raisonnement. Cela implique aussi de comprendre comment fonctionnent nos propres biais mentaux. Se former à l’esprit critique, c’est apprendre à reconnaître les raccourcis de notre pensée, suspendre notre jugement, et construire une opinion avec rigueur. C’est un processus long, mais essentiel pour devenir un citoyen éclairé et autonome.
  • Créer des espaces de débat sain. Afin de se protéger des confrontations stériles typiques des sociétés polarisées, nous devons réinventer nos lieux d’échange et les transformer dans des espaces de réflexion partagée. Les médias et les institutions éducatives par exemple, mais aussi les réseaux sociaux. Au lieux d’encourager la provocation et le clash, nous pouvons valoriser la nuance, la curiosité, et l’écoute active.

Un débat sain ne cherche pas un vainqueur et un vaincu, mais une compréhension commune. Les règles du jeu doivent être claires, et la modération bienveillante. La volonté collective doit mettre l’envie de comprendre avant celui d’avoir raison à tout prix.

Voilà, tu connais désormais les risques des fausses croyances qui se transforment dans des vérités absolues, et de comment les prévenir, d’après le livre L’illusion de la certitude de Timothy Caulfield.

Le vrai défi n’est ni d’avoir toujours raison, ni de convaincre les autres que notre position est la meilleure.

Douter intelligemment, admettre qu’on ne sait pas tout, c’est faire preuve de courage. C’est refuser les réponses toutes faites et chercher à penser par soi-même.


Et toi ? Quelle est la dernière certitude que tu as remise en question ?

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