Nous aimons bien avoir une vision claire, nette, du monde autour de nous. Nous aimons mettre des étiquettes aux idées, aux personnes, aux objets. Nous avons besoin de caser les choses dans des catégories bien définies.

Et nous avons du mal à gérer ce qui ne rentre pas facilement dans une case.

Accueillir ce qui n’est pas facilement classifiable n’est pas une opération facile. Cela nous demande de l’effort : nous devons revoir nos définitions, nos croyances, notre vision du monde. Nous risquons même de nous rendre compte que nos idées et nos comportements d’avant n’étaient pas les bons.

Peut-être, tu es toi-même quelqu’un qui a du ma à rentrer facilement dans une case. Il est possible, voir probable, que tu aies souffert, ou que tu continues à souffrir, à cause de la tendance de la société à vouloir tout uniformiser, pour mieux contrôler.

Pourtant, dans une multitude de domaines (comme l’architecture, l’entreprise, l’innovation, même la politique), il devient de plus en plus évident que l’hybridation, la capacité à mettre ensemble des idées, des personnes, des expériences différentes, à l’apparence même contradictoires, est une manière très efficace pour explorer des nouvelles opportunités, et trouver des nouvelles solutions efficaces à des vieux problèmes.

Cela, nous demande de nous sentir de plus en plus à l’aise avec l’incertitude et l’inconnu. Bienvenue dans le monde des centaures.


Tous centaures de Gabrielle Halpern

Le bouquin que j’ai le plaisir de te présenter aujourd’hui a été le cadeau de départ de mon ancienne responsable au moment de quitter le monde du salariat pour créer mon entreprise. Je faisais un saut dans l’inconnu, et j’ai dû remettre profondément en question mon identité.

J’ai trouvé très intéressant, pratiquement un an plus tard, revenir sur ce moment de changement, de nouveau départ.

Comme l’explique Gabrielle Halpern dans son livre « Tous centaures », afin de rendre possible un nouveau futur, il est indispensable d’accepter et s’ouvrir à des situations inconnues, que nous avons du mal à reconnaître, et qui nous font peur.

Les centaures sont des créatures mythiques de la Grèce antique. Dans la partie basse du corps, le centaure ressemble à un cheval. Alors que le torse, le bras et la tête ont une forme humaine. Dans la mythologie, ces créatures inclassifiables (ni hommes, ni chevaux), étaient troublantes, et avaient plutôt une mauvaise réputation. Il valait mieux s’en écarter, s’en protéger.

C’est justement la tendance de l’être humain à essayer de fuir cette peur de l’inconnu et de l’incertain, qui a provoqué le refus de tout ce qui est différent, inclassifiable.

La place de l’hybride et de l’inconnu dans la société

Pourtant, dans le monde d’aujourd’hui, on constate de plus en plus l’affirmation d’objet, de métier, ou même des lieux hybrides. Par exemple les voitures hybrides, une première réponse aux enjeux de l’environnement. Ou encore l’objet hybride par excellence, et qui a désormais un rôle prépondérant dans notre quotidien : notre smartphone. Cela fait longtemps que ce n’est plus juste un téléphone, mais c’est en même temps un appareil photo, une console de jeux, une télé, un réveil, et même une lampe de poche.

Pour comprendre pourquoi l’indéchiffrables, l’inconnu nous fait si peur, pourquoi nous avons une tendance aussi forte à appliquer des catégories rigides, nous devons nous pencher sur le rôle que la raison a joué pendant plusieurs siècles, surtout dans la culture occidentale.

Cela nous aidera à mieux accueillir, voir à rechercher, ce qui est hybride : c’est ce qui nous permettra de dépasser toutes les limites apparentes d’un monde régi par des catégories trop étroites.

Histoire de la raison et de l’hybridation

Pour l’homme primitif, le monde naturel était impossible à comprendre. Les objets et les phénomènes naturels sont gouvernés par des divinités animées par une volonté indéchiffrable. L’homme est complétement impuissant face à la nature, parce qu’il ne la comprend pas, et parce que tout effort pour s’y opposer n’amène à aucun résultat.

Au cours des siècles, l’être humain commence peu à peu à construire un savoir à propos du monde autour de lui : des relations entre les phénomènes naturels deviennent visibles. On commence à savoir expliquer, voir même prédire ce qui se passe : une éclipse solaire ou une tempête ne sont plus la conséquence de divinités capricieuses. Elles sont gouvernées par des lois de la nature.
Grâce à cette compréhension, l’homme change son rapport au monde. Il quitte une position d’infériorité pour se mettre d’égal à égal avec le monde.

C’est à partir de ce moment que les catégories et les cases font leur apparition, en particulier avec Aristote. Pour comprendre une réalité complexe, et pour la maîtriser, nous avons besoin de la couper dans des plus petites parties. Nous avons besoin de catégories, de cases dans lesquelles la ranger, pour que tout soit sous contrôle.

Quelques siècles plus tard, avec Descartes, la raison prend une place encore plus importante. Grâce à la méthode scientifique, la nature n’est plus seulement comprise. Elle est une matière qui peut être façonnée, modelée, ajustée selon l’envie de l’esprit humain. L’homme ne se voit plus au niveau de la nature : il se voit carrément au-dessus. Il se sent le maître de l’environnement dans lequel il évolue.

La rationalité devient ainsi un dogme. A ce stade, la raison a remplacé les dieux et la nature. Et tout ce qui n’est pas « rationnel » est vu comme erronée, même immoral.

Le rôle ultime de la raison devient de nous libérer de l’incertitude qui est intrinsèque à la réalité du monde, et de l’angoisse que cette incertitude génère en nous.

Tout ce qui est hybride n’est pas seulement refoulé. Il est carrément éliminé. On préfère une explication de la réalité qui ne laisse pas de place à l’incertitude et à l’inconnu, même quand réduire la nature à un modèle mental nécessite forcément des raccourcis et des erreurs.

La raison vs l’incertain

Bien sûr, la raison et l’esprit scientifique ont joué un rôle essentiel pour nous permettre de mieux comprendre le monde qui nous entoure, et pour créer un environnement moins dangereux, dans lequel notre survie n’est pas constamment menacé par une nature toute puissante.

Si nous avons eu besoin de créer la raison et le savoir, c’est parce que le monde de l’homme primitif était tout simplement terrifiant.

Mais cette envie d’éliminer complétement l’inconnu et l’incertain de notre existence, nous a conduit à aller même trop loin. La raison et la science ont fini par déséquilibrer l’environnement dans lequel on vit. A force de vouloir tout maîtriser, l’action humaine est devenue un des risques principaux pour notre survie.

Mais même si nous comprenons les travers et les risques d’une place prépondérante de la raison, comment pouvons-nous réduire sa place dans notre vie et dans notre société si elle est au cœur de ce qui caractérise l’être humain ?

Pour répondre à cela, l’auteure du livre reprend la pensée de Hannah Arendt, une des grandes philosophes du XXème siècle. Ce qui caractérise vraiment l’être humain ce n’est pas tellement sa raison, mais sa capacité à initier un changement, à entreprendre une nouvelle action, un nouveau projet.

La créativité : le bon antidote contre la peur de l’inconnu

C’est cette capacité créative, plus que la capacité à tout classer et à étiqueter, qui représente le bon antidote contre l’angoisse de l’inconnu et de l’incertain. La capacité de l’être humain à penser va bien au-delà de la simple raison.

La sensibilité, l’intuition, et la créativité sont des composantes tout aussi humaines, et tout aussi riches que la rationalité pour comprendre la réalité qui nous entoure, et pour pouvoir interagir avec elle.
Cela ne signifie pas de renoncer à la raison, pour la substituer avec d’autres caractéristiques humaines. La bonne approche, comme toujours dans l’hybridation, consiste à chercher une nouvelle approche dans laquelle ces caractéristiques se complètent et s’enrichissent mutuellement, jusqu’à donner naissance à quelque chose de nouveau, qu’avant n’existait pas.

Dans le domaine de l’innovation, par exemple, l’hybridation montre toute sa valeur. C’est en rapprochant des domaines de recherche jusqu’à maintenant isolés, comme biologie et technologie, médecine et design, culture et divertissement, que l’on assiste ces dernières années à une forte augmentation du nombre de brevets déposés dans tous les Pays du monde.

Et ce qui est valable pour la société au sens large, est aussi valable pour un individu. Dans le monde du travail de demain, l’hybridation des métiers sera très répandue. Cela commence à se voir déjà aujourd’hui : les profiles mixte sont de plus en plus valorisés : chercheur et développeur en informatique, designer et sociologue, chef de projet et expert en cybersécurité.

Pourquoi est si difficile de sortir des cases !

Mais si dépasser le classement rigide de nos vielles catégories pour finalement accueillir l’hybridation présente autant d’avantages, pourquoi est-ce que c’est si difficile d’y parvenir ?

Le premier frein est l’habitude de cohérence, qui consiste à relier entre elles des choses qui ont des points en communs. Notre attachement à la cohérence est si fort que nous avons du mal à accepter son absence dans les propos ou les comportements des personnes autour de nous. La cohérence représente désormais une valeur morale.

Le problème avec la cohérence est qu’elle souffre de plusieurs biais : tout d’abord, le lien entre les choses correspond à des catégories mentales. Il s’agit donc d’un lien artificiel. Ensuite, la cohérence est loin d’être quelque chose d’objectif. Elle est profondément subjective ! En effet, une chose est cohérente dès que nous la comprenons, et nous avons plus de facilité à comprendre ce avec quoi nous sommes d’accord.

Cela veut dire que si nous sommes en désaccord avec quelque chose, il y a plus de probabilité que nous n’arriverons pas à la comprendre, ce qui nous fera conclure qu’elle est incohérente. Nous aurons donc tendance à l’écarter.

La sécurité de se fondre dans la masse

Un deuxième frein est le sentiment de protection que nous ressentons en faisant partie d’une communauté qui se reconnaît par son homogénéité. L’esprit grégaire, et le sentiment de sécurité qui en découle, nous poussent à nous défaire de nos différences pour nous sentir égaux aux autres.
Résister à cette pulsion de se confondre avec la masse demande de la force intérieure et une grande solidité. Réussir à assumer sa singularité nous fait sentir plus exposés et vulnérables, mais cela nous donne en même temps un grand sentiment de puissance.

Cette pulsion à l’homogénéité est très présente dans le monde réel, avec par exemple les tendances et les modes dans les styles vestimentaires, ainsi que l’habitude à rapporter à notre vécu personnel les expériences que d’autres partagent avec nous.

Plutôt que de rester à l’écoute, et ouvert à comprendre véritablement ce que l’autre est en train de partager, nous arrivons très vite à la conclusion « c’est comme … », ce qui nous permet de caser vite dans nos catégories, et nous évite l’effort et l’inconfort de nous remettre en question.

Mais la pulsion à l’homogénéité est peut-être encore plus forte dans le monde virtuel. A fur et à mesure qu’ils apprennent nous goûts et nos opinions, les algorithmes des réseaux sociaux nous poussent de plus en plus vers des personnes qui nous rassemblent, vers du contenu avec lequel nous sommes déjà d’accord.

Nous rentrons ainsi inconsciemment dans une bulle qui nous conforte dans notre propre vision du monde, mais qui nous sépare du reste de la réalité.

Un frein ultérieur est que cette remise en question touche également notre relation avec les animaux et l’environnement, et le sentiment de supériorité qui souvent l’accompagne.

La raison nous a hissés au sommet du monde, mais les dégâts que cela a créé nous oblige aujourd’hui à revoir de manière plus humble notre position au sein de la nature.

L’affirmation de l’hybridation

Pourtant, des petits signes indiquent clairement que nous sommes en train de revoir notre aversion à la différence et à l’inconnu. En commençant par la mode, qui consiste de plus en plus à ne pas suivre la mode. Les entreprises ont aussi compris l’opportunité de proposer des produits et services sur mesure, personnalisé à la singularité de chacun.

Le lien entre l’identité et la propriété change : nous avons de moins en moins besoin de posséder un objet pour nous identifier à l’image sociale qu’il véhicule. C’est peut-être mieux de partager une voiture, une maison de vacances, même une robe de mariée, si cela permet d’être plus économes dans les ressources naturelles pour les fabriquer.

Nous voyons de plus en plus clairement les limitations de la raison, avec ses besoins de tout caser et tout classifier. Et nous ouvrons de plus en plus à la fécondité de la pensée, grâce aux différences, aux contradictions, à l’hybridation,  

Voilà, tu connais désormais les raisons qui nous poussent à éviter, à vouloir même éliminer, l’inconnu et l’incertain dans notre vie, d’après le livre « Tous centaures », de Gabrielle Halpern, ainsi que la valeur intrinsèque de la capacité d’accepter ce qui est différent, inconnu, hors catégories.

Si tu souhaites savoir comment donner plus de place à la créativité et à l’intuition dans ta vie, d’une manière pas trop guidée par la raison, je te conseille de lire l’article dédié au livre « Comme par Magie », de Elisabeth Gilbert.


Et toi ? comment tu te sens par rapport aux cases et aux catégories ? Est-ce que tu considère l’hybridation comme une valeur pour notre société, ou alors tu prônes plutôt pour un sentiment d’identité et d’homogénéité ?

N’hésite pas à partager ton expérience et tes réflexions à l’ensemble de la communauté Mind Parachutes en laissant un commentaire !!

A très vite pour des nouvelles idées !! 


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