Dans notre société où tout va vite, performance, efficacité et compétitivité sont très valorisées.
La gentillesse, au contraire, souffre désormais d’une mauvaise presse.
Quand on nous dit : « tu es trop gentil », entre les lignes on entend : tu es trop accommodant, trop naïf, trop faible. La gentillesse n’est plus vraiment un trait de caractère désirable.
Et si, en réalité, c’était exactement l’inverse ?
Et si être gentil demandait un courage immense ?
Le courage de rester calme quand tout pousse à s’énerver, d’écouter quand on aurait envie de répondre, de percevoir la vulnérabilité cachée de notre interlocuteur quand tout ce qu’il nous montre est son agressivité.
Être gentil, dans le sens profond du terme, ce n’est pas juste être agréable, une manière d’éviter les conflits.
C’est une force extrêmement humaine, capable d’apaiser, de comprendre, de créer des liens dans un monde qui en a profondément besoin.
Alors que chaque individu se bat contre ses peurs, ses frustrations et sa fatigue, la gentillesse devient une vraie liberté, une ouverture sincère vers les autres et vers soi-même.
Le courage de la gentillesse de The School of Life
The School of Life, fondé par l’auteur et philosophe Alain de Botton, est un collectif international dédié à l’apprentissage des compétences émotionnelles. Leur mission : rendre la psychologie et la philosophie utiles dans la vie quotidienne.
J’aime beaucoup le style discret, invitant, jamais imposant, de leurs livres.
C’est particulièrement le cas pour le livre « Le courage de la gentillesse » qui présente cette qualité comme une forme très adulte de maturité émotionnelle, dans une perspective renversée par rapport à la vision courante d’un signe de faiblesse.
Être gentil n’est pas « faire plaisir« , mais comprendre profondément l’expérience humaine.
1. Héritages culturels et mauvaise réputation
Si aujourd’hui la gentillesse est perçue comme un trait naïf, parfois même négatif, ce n’est pas un hasard. Notre culture a façonné, pendant des siècles, une vision déformée de ce qui est « être gentil ».
Voici les quatre influences principales :
- Le christianisme valorise la douceur, l’humilité, le pardon (souvent associés à la gentillesse), et critique la recherche du succès personnel. Peu à peu, une contraposition entre gentillesse et succès s’est affirmée, avec un un raccourci trompeur : être gentil = être faible.
- Le romantisme a célebré les héros passionnés, intenses, débordants, et dénigré les personnages calmes, posés, effacés. D’où un deuxième raccourci : être gentil = être ennuyeux.
- Le capitalisme, valorise la compétitivité, la performance, l’ambition. Réussir, c’est s’imposer, avancer coûte que coûte. Dans ce modèle, le gentil devient celui qui manque d’ambition, celui qui « reste derrière » : être gentil = être pauvre.
- Enfin, l’érotisme décrit le désir sous l’angle de la provocation, le pouvoir, voir la domination. Dans cet imaginaire, la tendresse, la disponibilité, l’écoute ne sont pas séduisantes. Résultat : être gentil = ne pas être désirable.
Il suffit de prendre un peu de distance de ces raccourcis qui font désormais partie de l’inconscient collectif, pour se rendre compte que, en réalité, la vraie gentillesse est le signe d’une grande force intérieure.
2. La gentillesse est une forme de courage
Derrière la force que l’on admire souvent — celle qui s’exprime par l’assurance, l’autorité ou l’agressivité — se cache en réalité une forme de faiblesse. En réalité, ce comportement naît d’une impulsion, une réaction émotive guidée par l’ego. Celui qui cherche à paraître fort se protège surtout d’un sentiment intérieur de fragilité.
L’intention souvent inconscient est de se défendre d’une menace potentielle en se fermant.
Le problème c’est que, utilisée comme ça, la force devient un réflexe qui coupe de l’écoute et qui ne permet pas une véritable proximité.
Elle finit par devenir une position rigide, qui empêche d’apprendre, d’évoluer, de se remettre en question.
La personne « forte » n’est pas disponible aux autres — et parfois même pas à elle-même.
Tout le monde porte en lui des peurs, des blessures et des fragilités invisibles. La force n’est qu’une réaction impulsive pour se protéger de sa propre vulnérabilité.
Par opposition, la gentillesse représente une véritable expression du courage. Elle nous pousse à dépasser nos réflexes de protection, d’accepter de nous exposer en sortant de l’armure émotionnelle qui nous défend.
Ce choix ne naît pas de la faiblesse ou de la naïveté, mais d’un acte de bravoure intérieure.
Au lieu de répondre immédiatement à l’agressivité, être gentil signifie chercher d’abord à comprendre ce qu’elle cache : une souffrance, une inquiétude, une tension interne.
Nous décidons de laisser tomber l’égo pour voir l’autre dans toute son humanité.
C’est une posture très exigeante : elle nous demande de rester ouverts, alors que nos mécanismes de défense ne voudraient que se refermer.
La gentillesse devient alors un choix conscient qui demande bien plus de maîtrise et de maturité émotionnelle que céder à nos réactions impulsives.
Nous choisissons de comprendre au lieu de juger, d’écouter plutôt que de réagir.
Nous prenons soin de nos relations même dans les moments difficiles.
3. Éviter les pièges de la gentillesse
Être gentil ne veut pas dire tout accepter. Sans le respect de soi, elle risque de se transformer dans des comportements qui ne servent ni nous-mêmes ni nos relations.
Voici comment aborder les pièges les plus courants de la gentillesse, qui révèlent une manière maladroite de l’exprimer.
Cela nous assure de toujours adopter une posture mature, stable et réellement bénéfique dans chacune de nos relations.
a) Le besoin d’être aimé
Cela peut arriver que la gentillesse soit utilisée comme stratégie pour nourrir notre besoin d’être accepté, reconnu, rassuré. Il s’agit d’une stratégie épuisante et fragile, pour deux raisons. Tout d’abord, elle reste toujours dépendante du regard des autres. Et en plus, elle manque de sincérité : elle ne crée pas des relations authentiques, mais des transactions émotionnelles.
Une sincérité, même douce, construit au contraire des liens beaucoup plus profonds et durables.
b) L’auto-effacement
Dans ce cas, la gentillesse n’est plus un geste bienveillant ; elle se transforme en stratégie d’évitement. On dit « oui » par peur du conflit ou de la déception, même si cela va à l’encontre de nos besoins.
Sur le moment, ça semble plus simple. Mais à long terme, cela crée l’effet inverse : frustrations accumulées, fatigue, ressentiment. Impossible de construire des relations durables sur une gentillesse qui nous efface.
La véritable bienveillance repose sur des limites claires : savoir dire « non » avec douceur et sans agressivité. C’est ainsi que l’on protège la relation, tout en se respectant soi-même.
c) La monotonie
La peur d’ennuyer est très répandue, et elle nous pousse, par « gentillesse », à devenir trop discrets, presque invisibles. Pourtant, personne n’est réellement ennuyeux : ce qui rend une présence vivante, c’est l’authenticité.
Être intéressant ne demande pas d’être exceptionnel, original, ou particulièrement extraverti. Tout ce qu’il faut, c’est le courage d’oser montrer aux autres un peu de qui on est vraiment.
La monotonie surgit quand on se cache derrière une image trop lisse, trop parfaite, vidée de toute aspérité. En cherchant à ne déranger personne, on retire tout ce qui nous rend humains, et qui fait de nous quelqu’un d’intéressant !
4. Cultiver la gentillesse au quotidien
Comme n’importe quel comportement, la gentillesse n’est pas un don inné, un trait de personnalité immuable.
Elle se construit comme une compétence, à travers des gestes simples, répétés.
Ces pratiques ont un point commun : elles visent à rendre nos relations plus ouvertes et apaisées. On pourrait dire plus humaines.
Voici quelques exemples concrets pour cultiver la gentillesse au quotidien :
a) Être chaleureux
Être chaleureux, c’est aller au‑delà de la simple politesse dans nos relations, pour reconnaître l’humanité de l’autre. Au lieu de rester dans des postures figées et formelles, on reconnaît que même les personnes qui affichent une apparence confiante et affirmée portent en elles des insécurités et des fragilités.
La chaleur consiste à accueillir cette vulnérabilité avec une présence simple et rassurante, dans un climat où nos interlocuteurs se sentent accueillis, en sécurité, où ils sont vus sans être jugés.
b) Être un bon auditeur
On entend souvent qu’une écoute de qualité est essentielle pour construire des relations solides. Pourtant, elle reste un geste rare. En effet, elle demande un effort significatif : nous devons suspendre, le temps de l’échange, toutes nos attentes, jugements et l’envie de répondre.
Nous offrons ainsi à notre interlocuteur un temps et un espace pour déplier ses pensées et entendre ses hésitations, sans crainte d’être interrompu, corrigé ou minimisé.
Bien écouter c’est le contraire d’un acte passif : c’est un acte de générosité.
c) Être ouvert d’esprit
Cela ne veut pas dire renoncer à ses convictions, mais reconnaître qu’elles ne sont jamais définitives. L’ouverture d’esprit commence par l’admission de l’imperfection de notre point de vue.
En effet, nos opinions ne sont que des constructions provisoires, influencées par nos expériences, notre éducation, nos peurs.
Être ouvert nécessite s’intéresser sincèrement à la manière dont l’autre voit le monde, sans chercher immédiatement à corriger ou à convaincre.
Cette curiosité est précieuse, car elle nous permet d’évoluer et de progresser grâce à l’échange avec les autres.
d) Apprendre à parler de soi
Cela ne consiste pas à imposer son histoire, à raconter sa vie dans tous les détails. Parler de soi signifie avant tout offrir à l’autre une porte ouverte vers notre monde intérieur. Le partage de quelques éléments personnels – une inquiétude, une hésitation, une petite vérité intime – est un des moyens les plus puissants pour créer une atmosphère de confiance.
Cette ouverture montre que notre intention n’est pas de jouer un rôle, mais nous connecter réellement à notre interlocuteur. Peut-être, elle donne à l’autre la confiance de, lui aussi, se montrer un peu.
e) Aller au-delà de l’indignation
Être en contact avec l’indignation d’un autre est pesant, et nous donne envie de fuir la conversation. Pourtant, la rigidité et l’agressivité sont rarement une posture volontaire. Elles sont la réaction inconsciente à des blessures anciennes, à des expériences personnelles douloureuses.
Dans ces situations, cultiver la gentillesse consiste à regarder au-delà de la réaction visible. Quelle peur, quelle douleur, quelle inquiétude cherche à se faire entendre ?
Ce constat vaut pour nous aussi : nos propres indignations révèlent les endroits où nous ne sommes pas encore en paix. Comment explorer ces zones sensibles ?
f) Le charme de la vulnérabilité
Se montrer vulnérable n’est pas synonyme de fragilité ou d’impuissance. C’est une manière courageuse d’ouvrir un espace où la personne en face de nous peut aussi se sentir autorisée à être vraie.
Admettre une inquiétude, une limite, une incertitude ne nous mets pas dans une position difficile. Au contraire : elle rend la relation plus authentique, plus humaine, donc plus solide. Tout le monde peut finalement faire tomber son masque, et l’interaction devient un échange sincère.
Être vulnérable ne veut pas dire tout dévoiler de manière naïve, mais laisser apparaître ce qui est juste : une émotion discrète, une petite faille, un doute. Ces petites imperfections font partie des gestes les plus puissants pour créer un lien profond.
Voilà, tu connais désormais comment faire de la gentillesse un élément central d’une vie courageuse, tout en évitant les principaux pièges, d’après le livre « Le courage de la gentillesse » de The School of Life.
Être gentil, ce n’est pas être naïf. C’est choisir l’ouverture plutôt que le jugement, la patience plutôt que la précipitation. C’est reconnaître que la vraie force n’est pas dans l’agressivité et l’imposition, mais dans l’écoute et la compréhension.
Et toi ? En quoi la gentillesse représente un bon manière d’exprimer ton courage ?
Quels petits gestes tu peux réaliser, aujourd’hui même, pour cultiver ta gentillesse ?
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