Devenez une meilleure personne grâce à la Sagesse Pratique de B. Schwartz et K. Sharpe

Nous sommes de plus en plus souvent déçus par les institutions desquelles nous dépendons : banques, bureaux publiques, écoles… Nous n’arrivons pas à leur faire confiance.

Cette déception est souvent égalée par l’insatisfaction des personnes qui travaillent dans ces institutions. Les contraintes quotidiennes qui leur sont imposées ne leur permettent pas d’exercer leur métier avec plaisir et dévouement.

Personne n’est satisfait : ni les professionnels, ni leurs clients. Comment sortir de cette impasse ?

Généralement, afin de s’assurer que les gens font bien leur travail, deux outils sont utilisés :

  • la définition de règles strictes qui indiquent aux gens ce qu’ils doivent faire et comment, ainsi que des mécanismes de contrôle pour vérifier que les règles sont bien appliquées
  • et la définition d’un ensemble de primes qui encouragent des bonnes performances en récompensant les gens. 

Règles et primes, bâton et carotte… quoi d’autre ?

Au vu des résultats produits, règles et primes sont insuffisantes pour cultiver une ambiance de travail motivante et performante. Elles laissent de côté quelque chose d’essentiel, ce que le philosophe grecque Aristote appelait la sagesse pratique.

Comprendre comment améliorer nos pratiques et nos choix du quotidien est le sujet du livre « La sagesse pratique », de Barry Schwartz et Kenneth Sharpe.

Souvent, nous pensons à la sagesse comme quelque chose de théorique, d’abstrait, un don réservé à quelques heureux. Aristote, au contraire était convaincu qu’il ne s’agit pas d’avoir de convictions sur ce qui est bon ou mauvais dans l’absolu, mais de savoir trouver la bonne manière de faire la bonne chose dans une circonstance particulière. Il s’agit de répondre à la question : « qu’est-ce que je fais ? », ici et maintenant.

Tout le monde a la capacité de développer la sagesse, à condition d’avoir la possibilité de la cultiver.

La clé n’est pas d’établir et suivre des règles morales, mais de bien réaliser une certaine pratique sociale (être un bon ami ou parent, un bon docteur, un bon citoyen).

Pour cela, nous avons besoin d’apprendre et développer des traits de caractère comme le courage, l’équité, la générosité, la bonté, l’intégrité, la maîtrise de soi, l’ouverture d’esprit.

La sagesse pratique combine compétences et volonté. Avoir les compétences sans la volonté de bien faire, peut porter à la manipulation des autres. Et la volonté sans compétences porte à tâtonner de manière inefficace.

Les compétences nécessaires à la sagesse pratique ne s’apprennent pas de manière théorique, en lisant un livre. Elles sont développées à travers la pratique. C’est pour cette raison que nous associons la sagesse avec l’expérience.

Et travailler pour recevoir une prime est très différent que travailler pour atteindre l’objectif  ultime, la finalité d’une activité.

Les caractéristiques d’une personne sage

Si vous décidez de développer la sagesse pratique nécessaire à bien agir dans le monde, ce ne sera pas uniquement la société autour de vous qui va en bénéficier. Vous êtes en train de cultiver une clé essentielle pour votre propre bonheur !

Voici les 6 caractéristiques d’une personne sage :

  1. Elle connaît la finalité de l’activité dans laquelle elle est engagée, et souhaite faire les bonnes choses pour atteindre cette finalité.
  2. Elle sait comment improviser, comment jongler entre objectifs contradictoires, comment adapter les règles et les principes généraux aux spécificités de chaque situation.
  3. Elle est sensible et sait comment lire un contexte social, comment s’éloigner d’une interprétation en blanc et noir de la réalité pour apprécier les différentes nuances de gris.
  4. Elle sait adopter le point de vue des autres, et comprendre quelles peuvent être leurs pensées et leurs émotions.
  5. Elle sait se servir des émotions comme des signaux pour agir et décider, et sait rendre les émotions des alliées de la raison.
  6. Elle est une personne d’expérience ; elle a acquis en les pratiquant les trais de caractères de la sagesse (courage, honnêteté, attention aux autres, …).

Règles et récompenses

Souvent, la définition de règles à suivre vise à éviter le risque que les personnes prennent le mauvais choix dans leur activité. Cela est très utile quand nous avons peu d’expérience dans un domaine, les règles représentent des bonnes lignes directrices à utiliser comme référence.

Elles cristallisent l’expérience cumulée par d’autres sur des bonnes pratiques à adopter.

Avoir des règles claires est donc essentiel pour le bon fonctionnement d’une activité.

Le risque à éviter à tout prix est par contre d’avoir une liste très longue de règles à suivre, ce qui empêche de bien les mémoriser et retenir l’esprit de fond, ainsi que de rendre leur application trop stricte, ce qui empêche de les adapter à un contexte particulier.

Avoir parfois la possibilité de se tromper, pour ensuite analyser les raisons qui ont amené à l’erreur, et comprendre comment faire différemment dans le futur, est essentiel pour développer la sagesse pratique.

De toute manière, puisque le monde n’est pas noir ou blanc, et tout est question de nuances, l’application stricte des règles dans certaines situations porte à prendre des mauvaises décisions.

Mais puisque se sont les règles, et non pas nous-mêmes, les responsables de cette erreur, nous n’avons pas la possibilité d’apprendre grâce à cette expérience.

Tout aussi délicat est le système de récompenses qui est mis en place pour favorise la bonne pratique d’une activité, spécialement quand la récompense est monétaire.

On pourrait penser que, si en plus de l’envie intrinsèque de bien faire, nous ajoutons une deuxième raison (par exemple une prime), notre motivation à bien faire notre travail ne peut qu’augmenter. 

Cela est faux ! Plusieurs études montrent que ajouter une prime financière pour réaliser une action que l’on considère éthiquement correcte (aider quelqu’un en difficulté, accepter une décision qui nous pénalise individuellement, mais qui est prise pour le bien collectif) réduit la probabilité que cette action soit réalisée.

Si nous sommes prêt à faire la chose que nous considérons juste sans avoir rien en échange, nous le sommes beaucoup moins quand une compensation monétaire est à la clé.

La prime nous empêche de penser à ce qui est juste de faire ou pas, et nous pousse à réfléchir si le montant de la prime est suffisant ou pas.

Si vous souhaitez cultiver un environnement qui favorise la sagesse pratique, attention donc au système de règles et de récompenses que vous mettez en place, par exemple en tant que parent ou professeur, manager d’une équipe ou d’un projet, ou n’importe quel autre rôle social vous assurez.

Sagesse : la place des émotions

Un élément essentiel pour développer la sagesse pratique est la gestion de ses émotions. Ce n’est pas qu’une question de sensations : la raison est tout aussi impliquée. Par exemple, pour pouvoir ressentir ce que les autres ressentent, il faut être capable de voir le monde comme eux ils le voient.

En tant qu’êtres humaines, nous sommes prédisposés à développer l’empathie, mais ce n’est pas automatique : nous avons besoin d’expérience.

Les émotions jouent aussi un rôle essentiel dans notre capacité à passer à l’action. En fait, la sagesse pratique ne consiste pas uniquement à savoir quelle est la bonne chose à faire, il faut aussi être motivé à agir en conséquence.

Si la raison joue un rôle de premier plan pour prendre une décision posée et efficace, ce sont nos émotions qui nous poussent à agir.

Cette alliance entre raison et émotions qui rend possible la sagesse pratique, se développe à fur et à mesure que nous essayons de comprendre ce qui se passe chez les autres, chez nous-mêmes, de parfois se tromper.

La possibilité d’expérimenter nous permet d’améliorer notre capacité de jugement grâce à l’expérience.

Cumuler des expériences, avancer par l’approche essai-erreur indispensable au développement de la sagesse pratique, est souvent fatiguant et frustrant. Alors, pourquoi s’embêter ?

Une première raison peut être le sens du devoir : nous faisons des choses, mêmes difficiles, juste parce que nous sommes convaincus qu’il s’agit des bonnes choses à faire, pour le bien des autres et de la société.

Mais agir avec sagesse n’améliore pas uniquement le monde autour de nous. Cela contribue aussi de manière significative à notre bonheur et à notre sens d’accomplissement !

D’après plusieurs études, les facteurs principaux qui contribuent au bonheur sont une sécurité physique, psychique et matérielle, être en bonne santé, et vivre dans un environnement qui assure notre liberté personnelle.

Deux autres aspects sont tout aussi essentiels : faire partie d’un réseau social qui nous fais sentir très connectés aux autres, ainsi que de réaliser un travail dans lequel nous nous sentons engagés et dans lequel nous trouvons un sens.

Martin Seligman, un psychologue qui est une vrai référence sur la psychologie du bonheur, a modélisé 24 traits de caractère qui, si exercés quotidiennement, renforcent notre sensation de bonheur et accomplissement. Il s’agit de qualités comme la créativité, la curiosité, l’envie d’apprendre, le courage, l’honnêteté, la joie de vivre, l’intelligence sociale, la gentillesse et le leadership.

Il a organisé ses traits en 6 vertus : le courage, l’humanité, la justice, la modération, la transcendance et la sagesse.

D’après les auteurs, la sagesse joue le rôle de chef d’orchestre parmi les autres vertus. Et les caractéristiques qui permettent le développement de la sagesse, sont les mêmes d’un travail à la fois engageant et riche de sens.

Attention : ce n’est pas tant le travail en lui même qui permettra de cultiver ces caractéristiques ou pas. Mais c’est plutôt l’état d’esprit avec lequel nous le réalisons, ainsi que l’environnement dans lequel nous agissons.

Comment pouvez-vous adapter votre environnement pour pouvoir cultiver la sagesse pratique ?

Comment pouvez-vous retrouver la joie et la satisfaction de réaliser une activité comme vous l’entendez, parce que c’est la bonne chose à faire ?

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