Les Navy SEALS sont une force d’élite mondialement reconnue, déployés dans les pires zones de combats, sous une menace permanente pour leur survie. C’est pourquoi la formation est si importante et les procédures largement documentées : les soldats doivent apprendre à mieux réagir dans un environnement chaotique, et conserver calme et esprit d’analyse au milieu de l’enfer.
La réalité de ces hommes et femmes d’exceptions peut nous paraître à des années lumière de notre quotidien.
Pourtant, les principes qui permettent à des Navy Seals de réussir leur mission sont les mêmes qui nous permettent de réussir dans nos objectifs.
Tout est une question de leadership, et de responsabilité absolue !
Responsabilité absolue – La méthode des Navy SEALS pour réussir
Dans le livre « Responsabilité absolue – La méthode des Navy SEALS pour réussir » de Jocko Willink et Leif Babin, les deux anciens officiers des forces spéciales expriment comment la préparation, mentale et physique, permet de conserver une efficacité maximale aux moments les plus tendus, là où vie et mort ne sont séparés que d’un mince fil.
Une fois l’uniforme enlevée, ces deux hommes ont créé une société de conseil en management et leadership pour appliquer ces principes à un environnement tout aussi turbulent : l’entreprise. Qui aurait cru que chacun d’entre nous pourrait appliquer la méthode des forces spéciales pour devenir un meilleur leader ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la méthode de réussite des Navy SEALS est basée sur un principe fondamental : la responsabilité absolue.
Le propos est tout simple : l’homme, par nature, à tendance à rechercher des raisons extérieures à lui-même pour expliquer ses échecs, erreurs… Personnellement, je plaide coupable !
Tout est une question de leadership
Jocko Willink explique comment, à travers son expérience de management en zone de combat, il a pu mettre au point une méthode permettant de rendre plus efficace le travail en équipe.
Et cela même s’il lui a fallu parfois accepter de ravaler son ego, chose d’autant plus difficile pour un membre des forces d’élite, conscient de la valeur de son entraînement et de ses compétences.
« Le leadership est le facteur le plus important » : ce qui compte dans un environnement turbulent pour la réussite d’une mission en équipe, c’est la qualité du leadership. L’échec et la réussite ne seront généralement que la transcription de la qualité du leader.
Le leader efficace mène son équipe au succès, le leader inefficace non. Cela ne signifie pas que le leader inefficace ne pourra jamais devenir un bon leader. Mais il lui faudra d’abord reconnaître sa responsabilité avant de pouvoir corriger les erreurs commises.
« Les meilleurs leaders ne sont pas motivés par l’ego ou les ambitions personnelles. Ils sont simplement concentrés sur la mission et la meilleure façon de l’accomplir ».
Jocko Willink
Sur le terrain, la prise de décision critique et l’efficacité des communications en situation de haute tension sont la clef de la réussite. Qu’il s’agisse de l’entreprise ou du combat, les individus doivent « croire en la cause pour laquelle ils se battent », ce qui implique d’une part de créer du sens, et d’autre part que la confiance entre les membres de l’équipe soit solide. Cela implique aussi d’accepter de reconnaître ses erreurs afin de les corriger, même quand c’est douloureux pour son ego.
Maintenant que tu as envie de devenir un leader des Navy Seals pendant quelques instants en te plongeant dans leur philosophie, je te proposede découvrir les 12 principes évoqués par les auteurs.
1. Accepter sa propre responsabilité.
A partir d’un exemple dramatique de tir ami ayant mortellement blessé un des soldats, Jocko Willink explique comment cette erreur, gravée dans son âme, lui a permis de comprendre ce qui n’avait pas fonctionné dans cette situation.
La liste des erreurs commises était longue : communication, organisation, procédures…. En regardant cette liste, l’officier a réalisé que le seul responsable restait lui-même : il n’avait pas vu toutes ces erreurs alors qu’il était en charge de l’opération.
En tant que leader tu n’as pas à éviter tous les risques, mais repérer tous ceux qu’on peut éviter. En tant que leader tu dois te concentrer davantage sur l’aspect général des choses et repérer les failles dans l’organisation et t’appuyer sur les subalternes pour assurer le succès de la mission.
2. Pas de mauvaises équipes, seulement de mauvais leaders
Pour les auteurs, « le succès résulte de la détermination et de la volonté, mais aussi de l’innovation et de la communication avec l’équipe ».
En zone de combat, l’entraînement physique et mental prend une importance particulière compte-tenu des conditions atroces. Cela explique pourquoi la formation est si difficile.
Mais arrivé à un certain niveau, ce qui distingue vraiment les équipes ce n’est plus la formation, mais la qualité de leur leadership.
Cela est tout aussi valable dans la vie de tous les jours. Le principe est simple « le bon leadership se propage par contagion » : si tu es concentré sur la mission et que tu organises l’équipe pour réussir, les ondes positives véhiculées seront renforcées et tout le monde va s’aligner sur la performance.
3. Croire
Lorsqu’on est sur le terrain, en plein milieu de l’action, un ordre venant d’en haut peut apparaître comme n’ayant aucun sens. Mais si l’on applique le principe de responsabilité absolue, en questionnant cet ordre à l’apparence absurde on peut comprendre la raison stratégique qui se cache derrière.
Si tu crois en l’objectif, ton équipe te suivra au bout du monde pour réussir, parce qu’elle sera aussi convaincue. A chaque niveau, chacun doit savoir ce qu’il doit le faire et pourquoi il doit le faire, car c’est ce qui permet de garder le cap en cas d’imprévu, et trouver des parades efficaces.
4. Contrôler son ego
Dans un environnement turbulent, en combat comme en entreprise, face à un ennemi qui se renforce, les équipes doivent se renforcer aussi, et devenir de plus en plus performantes. C’est une question de culture d’équipe : tu ne dois pas te contenter de ce que tu as, tu dois toujours viser mieux et remettant en question tes pratiques pour s’améliorer. C’est un avantage tactique de ne pas tomber dans l’autosatisfaction et dans un égo démesuré : cela entraîne le respect et la confiance autour de valeurs et d’objectifs communs.
L’excès de confiance conduit à des erreurs. L’ego est important, il conduit à vouloir le meilleur, mais il ne faut pas perdre de vue la mission.
5. Couvrir et avancer
Ce principe est une des lois du combat qui organise l’avancée des troupes sur un terrain à conquérir, et traite plus particulièrement du travail en équipe. En effet, la progression se fait par couverture des uns et des autres, de façons à être toujours en alerte et capable d’intervenir pour aider ses camarades.
Mais en tant que leader, si tu es trop enfermé sur le terrain, tu oublieras de regarder de manière plus stratégique la situation de l’équipe. Pour atteindre sa mission, l’équipe doit fonctionner comme une machine bien huilée. Chaque morceau d’équipe doit savoir ce que les autres font, afin de pouvoir s’adapter en cas de souci. Et comme leader, tu dois en être pleinement conscient pour tirer parti des avantages que cela peut conférer.
6. Simple
Pour qu’un objectif soit atteint, il doit être compris de tous. Un leader peut avoir envie d’élaborer un plan complexe, et le présenter d’un seul coup, mais cela risque de ne pas être compris par l’équipe. Peut-être le découper dans des plus petites étapes serait préférable.
Si tu penses simplement, tu pourras faire comprendre les objectifs et de mieux réagir si les choses tournent mal. La simplicité et la clarté de l’information sont les clefs pour atteindre un objectif précis.
7. Prioriser et exécuter
Cela peut arriver qu’une situation qui semble maîtrisée au départ se retrouve complètement chamboulée par l’arrivée d’un doute ou d’une menace imprévue. Et un plan très longuement et minutieusement préparé peut se retrouver dessus dessous.
La situation peut vite devenir très dangereuse. En tant que leader, tu dois réagir quand trop de problèmes interviennent : tu dois prioriser et réaliser les points les uns après les autres de façon à effacer l’effet boule de neige et reprendre la main sur la situation.
Cela implique de conserver ton calme et de reprendre une vision macroscopique, celle du leader. « Détends-toi, regarde autour de toi, prends une décision ». C’est d’autant plus important que les priorités peuvent changer en cours de route, et que se focaliser sur l’intégralité de la situation pourrait empêcher de repérer les éléments prioritaires à maîtriser.
8. Commandement décentralisé
Dans un contexte instable ou turbulent, il faut pouvoir compter les uns sur les autres dans une équipe et être certain que les décisions qui sont prises, le sont avec le recul nécessaire. Comme leader, tu ne dois pas tout gérer, mais de garder un œil critique sur l’ensemble de la situation. Tu dois pouvoir coordonner les opérations et changer d’orientation si besoin.
Or, le stress peut désorienter, mentalement et physiquement, d’autant plus qu’une personne ne peut diriger efficacement que 10 personnes, même que 4 ou 5 pour les troupes d’élite.
Si chacun sait ce qu’il doit faire, des leaders subalternes supervisent chaque groupe, avec une transmission claire et simple des informations dans les deux sens : les supérieurs gardent leur vision stratégique, et les opérateurs savent ce qu’ils doivent faire et pourquoi.
Il est alors possible pour des subalternes de prendre des décisions sans perdre de temps à attendre des ordres venus d’en haut, en comprenant les impacts sur la mission et sur la réussite du projet.
Et puisqu’à partir d’un certain niveau le leader n’est plus sur le terrain, il ne peut deviner ce qui se passe sur le terrain. L’équipe doit le tenir au courant des évolutions et changements de plan pour pouvoir s’adapter. C’est toujours et avant tout un travail d’équipe.
9. Planifier
Lorsqu’une mission, un objectif se profile et qu’il est largement planifié, tu dois bien réfléchir avant de le remettre en question. Les risques doivent être calculés avant, et il faut s’en occuper en amont pour avoir une préparation complète.
Une procédure claire permet de prendre en compte les éléments clefs : analyser la mission dans les détails et comprendre la stratégie à laquelle elle contribue, organiser le travail par petites équipes pour que chacun sache ce qu’il doit faire et pourquoi. Voici ce qui permet de croire en la mission et d’être plus alerte.
Le plan doit être transmis à toutes les personnes concernées, même de loin, pour que le travail d’équipe puisse se réorganiser en cas de besoin. Suivre cette procédure permet non seulement de bien se préparer, mais aussi de s’améliorer après chaque mission.
10. Mener la chaîne de commandement
Plus un leader est haut placé, moins il doit être happé par l’aspect tactique du travail. En effet, si tu te focalises sur des détails, aussi cruciaux soient-ils, tu risques de perdre la cohérence globale.
La transmission aux maillons subalternes va ainsi en pâtir, conduisant à une baisse de compréhension et de motivation : ta mission risque d’échouer. La responsabilité reste absolue, ce qui implique de bien choisir et bien entraîner ses équipes, mais chacun doit rester à sa place et se concentrer sur la tâche qui lui est confiée.
La responsabilité absolue passe par la capacité à déléguer aux bonnes personnes les tâches adaptées,pour rester focalisé sur l’ensemble de la mission (environnement, objectifs, ressources…). Comme leader, tu dois donc établir des relations de confiance avec tes subordonnées, tout le monde doit disposer des informations pertinentes pour atteindre ses objectifs.
11. Être décisif dans l’incertitude
Le stress dans les moments de combats peut bousculer les individus peu habitués. Si la discipline et la vigilance doivent être de mise, l’instinct est aussi une dimension essentielle. Le cerveau comprend parfois les choses de manière automatique, sans qu’elles ne soient explicites.
Lorsqu’une personne en laquelle tu as confiance te demande de sursoir à une action, il est crucial de prendre le temps de calculer le bénéfice-risque de cette attente. Certaines actions peuvent être corrigées en cas d’erreur, mais d’autres seront irrémédiables. Il convient de prendre le recul pour s’appuyer sur les informations connues et immédiatement disponibles sans interpréter.
Un leader efficace fait preuve de discernement et d’analyse, même au plus fort de l’agitation en s’appuyant sur ce qu’il maîtrise.
12. Discipline = liberté – L’ambiguïté du leadership
De manière contre-intuitive, se créer un cadre précis offre une plus large flexibilité. Par exemple, les auteurs montrent comment une procédure bien établie raccourcit le temps d’exécution. Si chacun sait ce qu’il doit faire et quand, et l’applique rigoureusement, il est d’autant plus facile de modifier l’exécution en cas de changement de plan.
Pour créer du temps, il faut avoir de la discipline : s’y tenir permet d’être meilleur, plus efficace et de libérer des plages horaires jusque-là inexistantes.
Cette discipline s’applique aussi à la manière de penser, car être un leader efficace implique une série de paradoxes et d’équilibres : discipline et liberté, mener et parfois suivre, être agressif mais pas dominateur, calme mais pas inexpressif, confiant mais pas arrogant, courageux mais pas téméraire, compétiteurs et mauvais perdant, attentif aux détails mais pas obsédé, humble mais pas passif, proche mais pas trop.
Bref, un bon leader applique la responsabilité absolue car « un bon leader n’a rien à prouver, mais tout à prouver ».
Tu peux avoir l’impression que le livre « Responsabilité absolue » répète des principes de leadership que tu connais déjà. Mais il a le mérite que ses principes ont été testés dans les pires conditions que des humains peuvent rencontrer. Chacun se retrouvera à un moment ou un autre dans ces lignes, pour le pire ou le meilleur.
La clef étant qu’un leader efficace, qui applique la responsabilité absolue, apprend de ses erreurs, c’est plutôt une bonne nouvelle !
Si développer une mentalité de force d’élite t’intéresse, je te conseille de lire l’article dédié au livre « Même pas mal ! », de David Goggins.
Et toi, quels sont les principes de leadership que tu appliques dans ton quotidien et dans tes missions ? Comment fais-tu pour t’assurer que le travail en équipe soit un succès ?
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