Doués autrement : L’INTELLIGENCE INHABITUELLE du cerveau DROIT
Pendant longtemps, on a considéré qu’il existait un seul mode de fonctionnement du cerveau. Que tout le monde pensait et réfléchissait de la même manière.
Seulement en 1981, le prix Nobel de médecine Roger Sperry a découvert qu’en réalité il existe deux modes de fonctionnement :
- un plus intuitif, global, avec une pensée plutôt simultanée ; c’est le cas des personnes qui utilisent davantage l’hémisphère droit du cerveau,
- l’autre plus analytique et rationnel, avec une pensée plutôt séquentielle ; c’est le cas des personnes qui utilisent davantage l’hémisphère gauche.
L’éducation a favorisé pendant longtemps la pensée séquentielle et analytique, en la voyant comme le seul mode de fonctionnement correct. Ce qui a porté les gens qui suivent plutôt une pensée globale, à se considérer décalés, différents, parfois inadaptés.
Mais il suffit de mieux comprendre le fonctionnement du raisonnement global pour profiter pleinement des nombreux avantages qu’il comporte.
Le fonctionnement d’un cerveau qui privilégie l’hémisphère droit est très différent de la pensée analytique, rationnelle, séquentielle qui a longtemps été le mode de raisonnement considéré comme « normal », poussé par l’école et par le monde du travail.
La majorité des personnes réfléchissent effectivement en utilisant l’hémisphère gauche, qui favorise le raisonnement dans un ordre précis, du début à la fin, une étape après l’autre. A travers son livre « Petit guide à l’usage des gens intelligents qui ne se trouvent pas très doués », Béatrice Millêtre s’adresse à la minorité qui suit plutôt le raisonnement global, qui souvent ne comprennent pas pourquoi ils se sentent différents des autres, et qui finissent par douter de leurs propres capacités.
Les caractéristiques le plus communes des personnes à raisonnement global sont les suivantes :
- Le raisonnement est global, intuitif et simultané ; la réflexion étant intuitive et inconsciente, la solution apparaît souvent d’elle-même, sans savoir expliquer le chemin qui l’a amenée.
- La compréhension est rapide, et bien orientée à la résolution des problèmes.
- Les cinq sens, ainsi que les réponses émotives, sont très sensibles et développés.
- La curiosité et l’ouverture d’esprit vers une palette très large de sujets, ce qui peut amener à une quantité très importante d’idées et de projets, qui par contre ont du mal à être réalisés.
- La créativité très riche aide à créer des idées nouvelles, originales.
- L’énorme capacité d’attention, de persévérance et de travail vis-à-vis d’un sujet motivant permet de déplacer des montagnes, contrairement à l’immobilisme ou la procrastination face à un sujet non motivant.
- Un grand intérêt est porté vers des valeurs morales comme la justice, l’altruisme, la générosité.
Reconnaître une majorité de ces caractéristiques, comprendre que nous suivons un raisonnement global plutôt que séquentiel, nous permet de mieux interpréter nos réactions face à une situation donnée (plutôt que juste de nous sentir bizarres, voire pas très doués), et réussir ainsi à mieux exploiter ces atouts.
Comme notre personnalité n’est jamais du blanc ou du noir, que vous soyez à dominance du cerveau droit ou gauche, connaître les propriétés de l’hémisphère droit permet d’exploiter au maximum ses atouts.
L’hémisphère gauche du cerveau a un fonctionnement plutôt verbal, analytique séquentiel, rationnel. Il s’oriente par le temps, avec des éléments séparés les uns des autres. Il sait élaborer des plans détaillés, il sait passer de l’abstrait au concret, il sait gérer le comment.
L’hémisphère droit du cerveau est au contraire non verbal, holistique, synthétique, plutôt intuitif. Il est moins à l’aise avec la notion de temps, et beaucoup plus à l’aise avec l’espace. Il excelle dans la vision d’ensemble des choses, il sait déterminer des objectifs, il arrive à passer du concret à l’abstrait. Il sait plutôt gérer le pourquoi.
Avoir un fonctionnement différent de la majorité des gens qui nous entourent peut nous amener à nous sentir décalés, stupides, à avoir un vague sentiment que quelque chose ne va pas chez nous. Mais cette vision n’est que très partielle : s’il y a des situations ou des tâches que la majorité arrive à faire bien mieux que vous, vous aussi vous avez d’autres choses que vous réalisez facilement, sans effort.
Ces capacités sont si évidentes que vous ne les voyez même plus : vous dévalorisez ce que vous savez faire sans effort, et vous donnez au contraire beaucoup de valeur à ce que vous ne savez pas faire.
En effet, la différence entre préférence hémisphérique gauche ou droite, avec les conséquents raisonnements séquentiels ou alors global, n’est pas lié à un meilleur ou moins bon fonctionnement mental, mais à niveau physiologique.
Ce sentiment d’incompréhension, d’inachèvement est assez commun chez les personnes à dominance de l’hémisphère droit. Contrairement à votre impression d’être seuls, vous avez beaucoup de personnes autour de vous. Vous avez une personnalité attachante, qui invite les gens à entrer en relation avec vous.
D‘ailleurs, vous vivez en permanence dans une contradiction apparente :
- D’un côté vous aimez être seul, vous avez besoin de ces moments de solitudes pour recharger vos batteries, cultiver vos pensées, être véritablement vous-même.
- Et en même temps, vous êtes altruistes, vous aimez vous enrichir en contact avec les autres, vous exprimez beaucoup d’empathie à leur égard.
Une première particularité de l’hémisphère droit réside dans la manière dont vous absorbez les informations de l’environnement autour de vous. Très probablement, vous avez une très grande sensibilité de vos cinq sens, qu’il s’agit de votre odorat, toucher, vue, goût, ouïe, … Vous arrivez à percevoir des choses beaucoup plus finement que la moyenne de personnes autour de vous. Cette sensibilité s’étend aussi au domaine émotionnel.
Concernant la réflexion, la différence principale se situe entre le mode de pensée séquentiel plutôt que global.
Si on devait représenter le fonctionnement de pensée séquentiel, on pourrait tracer une ligne avec des nœuds, où chaque nœud correspond à une idée. On ne passe à l’idée suivante qu’une fois que la précédente a été bien prise en compte, et les conclusions ne sont tirées qu’une fois avoir exploré chaque élément.
Si on représentait le fonctionnement global, toutes les idées se trouvent en parallèle, il n’y a pas un ordre précis dans lequel les considérer, le processus qui mène à la conclusion est donc beaucoup plus difficile à expliquer.
Si on zoome sur chaque idée, d’ailleurs, elle n’est pas tellement un point précis et uniforme mais plus une pelote : vous n’avez accès qu’au fil d’entrée et de sortie, mais le raisonnement qui porte du premier au deuxième est très loin d’être linéaire.
C’est à cause de ce fonctionnement que souvent vous avez l’impression d’arriver à la conclusion d’un problème même complexe sans avoir l’impression d’avoir vraiment réfléchi. Votre raisonnement a parcouru les différentes pelotes en parallèle, et vous êtes arrivé à LA bonne idée, sans pour autant savoir expliquer comment vous y êtes parvenus.
Vous avez peut-être l’impression que le fonctionnement de votre cerveau est magique : vous n’avez besoin de rien faire, et les idées se mettent en place toutes seules. Une fois qu’elles se manifestent, vous n’avez qu’à les exprimer, et les mettre en place.
En réalité, puisque vos lignes de raisonnement se déroulent plutôt en parallèle, elles sont dans un premier temps indépendantes. Mais grâce à vos processus mentaux, et à votre curiosité, il vous est facile de commencer à créer des ponts entre vos idées, et aussi de les transformer en idées nouvelles, créatives.
C’est peut-être pour cette raison que vous êtes à l’aise, même vous avez besoin, d’avoir toujours un nombre important d’idées qui tournent dans votre tête.
Vous avez peut-être l’impression de vous disperser sur beaucoup d’idées et de projets. Vous avez beaucoup trop de choses qui vous intéressent : vous avez donc assez de mal à structurer vos idées, et même à décider. Cela est dû au raisonnement en réseau : une idée en fait apparaître une autre, puis une autre, et ainsi de suite… comme les ramifications d’un arbre, et cela se passe tout en même temps.
Dans votre tête vous avez comme un petit vélo qui ne s’arrête jamais : votre cerveau entretient un flux de pensée, d’idées et d’émotions permanent. Et tout cela se déroule en parallèle. La mauvaise nouvelle est que même si cela vous fatigue parfois, ce petit vélo ne s’arrêtera jamais. C’est la manière dont votre cerveau fonctionne. La bonne nouvelle est qu’il est possible de mieux canaliser toute cette activité, et d’en tirer une très grande efficacité.
D’abord, soignez votre motivation : vous savez que si vous êtes motivés, vous êtes capables de trouver une solution à n’importe quelle situation. Vous êtes d’ailleurs particulièrement motivés par la complexité, par la difficulté ou le challenge.
Ensuite, cherchez les connaissances dont vous avez besoin pour gérer la situation.
Ici, vous devez trouver un bon compromis entre la recherche exhaustive d’information que vous êtes tentés de faire, et le fait de se cantonner au sujet en question. Notez toutes les questions qui vous viennent à l’esprit : ne pas le faire vous donnerait l’impression que vous êtes en train d’ignorer des choses importantes.
Mais dites-vous aussi que vous n’avez probablement pas besoin d’avoir la réponse à toutes ces questions tout de suite : vous irez la chercher quand vous en aurez besoin, ou quand vous aurez un moment disponible.
Et une fois que vous avez récupéré les informations nécessaires, vous n’avez plus rien à faire, du moins consciemment. Votre cerveau va s’attaquer aux éléments disponibles pour construire une compréhension globale. Il suffit de lui laisser le temps de mûrir sa réflexion : la meilleure manière de l’aider n’est pas de le forcer, mais plutôt de penser à autre chose, de faire autre chose.
Ce lâcher prise est très difficile : il va à l’encontre de tout ce que l’on vous a toujours dit ; Et pourtant, c’est la clé pour permettre à votre cerveau de fonctionner au maximum de son potentiel.
Si vous laissez le temps à vos idées de construire des ponts entre tous les différents éléments que vous avez absorbés en dehors de votre conscience verbale, la bonne approche apparaîtra dès qu’elle sera mûre.
Si vous décidez de vous forcer avant que ce soit le cas, vous risquez de gaspiller du temps et des efforts pour un résultat qui ne vous satisfera pas.
Ne vous laissez pas influencer par la manière de fonctionner des autres : explorez et exploitez le fonctionnement unique qui est le vôtre.
Gardez clairement à l’esprit quel est l’objectif que vous vous êtes fixé quand vous avez entrepris ce projet. Cela vous aidera à vous arrêter au bon moment, et vous évitera de continuer à travailler, encore et encore, une fois que vous aurez atteint votre objectif.
Il se peut très bien aussi que dans votre mode de fonctionnement vous ayez besoin de faire avancer plusieurs idées, réflexions et projets en même temps, en tâche de fond. Si c’est le cas, ne vous forcez pas à fonctionner avec un seul projet à la fois : cela serait contre productif. En effet, pendant que vous pensez à autre chose, vous réduisez le stress lié à votre projet prioritaire, ce qui vous permettra de le mûrir plus efficacement pendant que vous pensez à autre chose.
Ce qui est important, c’est de choisir quelle est en ce moment la réalisation la plus prioritaire pour vous, le projet que vous ne voulez pas laisser de côté tant qu’il ne sera pas concrétisé.
Les autres projets ne sont là qu’en soutien : si vous vous apercevez que vous dédiez trop de temps et d’énergie à des projets secondaires, ramenez votre attention sur le projet prioritaires, gentiment et sans culpabiliser.
Il n’est pas toujours aisé de choisir son projet prioritaire. Pour cela, faites confiance à votre voix intérieure, à votre intuition. Ce ne sera pas facile de faire face à la frustration de constater que plusieurs de vos projets ne se concrétiseront jamais, mais l’insatisfaction sera plus simple à supporter quand vous observerez les avancées concrètes de vos projets plus prioritaires.
Si vous trouvez que les activités et les projets que vous réalisez dans votre vie professionnelle ne vous satisfont pas complètement, n’hésitez pas à lancer et à poursuivre des projets stimulants dans la sphère extra-professionnelle. La satisfaction et le plaisir que vous allez tirer de ces activités vont plus que compenser l’énergie et le temps supplémentaires qu’elles vous demandent. Vous serez alors plus efficaces et plus épanouis même au travail.
Voilà quelques éléments pour mieux comprendre les caractéristiques de raisonnement des personnes à dominance de l’hémisphère droit, ainsi que quelques conseils sur comment exploiter les atouts de ce fonctionnement différent de celui de la majorité des gens.
Si parfois nous pouvons évaluer notre différence comme un manque de talent ou d’intelligence, il est important de comprendre qu’il ne s’agit que d’un mode de fonctionnement différent, plus global, intuitif et parallèle, qui favorise la créativité et la vision d’ensemble.
Si ce sujet vous a intéressé, je vous conseille de revoir l’article dédié au livre « Le talent code » de Daniel Coyle, ou encore « Libérez votre cerveau », de Idriss Aberkane.
A très vite, pour de nouvelles idées !!
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